Récifs Artificiels
CONSTRUCTION DE RÉCIFS ARTIFICIELS
Création d'habitats spécifiques côtiers pour le maintien des ressources marines en Corse
Responsable
Sylvia Agostini
Problématique
Dans un contexte de perte de biodiversité marine et de diminution constante de la ressource exploitable, l’aménagement des fonds marins par les récifs artificiels afin d’améliorer la productivité biologique pour la pêche et le maintien des ressources halieutiques, constitue un enjeu majeur de développement durable pour les années à venir. Dans un monde où la population devrait croître de 2 milliards en 2050, nous devons commencer aujourd'hui à relever le défi alimentaire planétaire tout en préservant le bon état des ressources naturelles. Le récif artificiel apparaît comme un outil de génie écologique important pour la préservation, voire la restauration, du milieu marin. Si l’efficacité des récifs n’est plus à prouver en terme d’augmentation de diversité, de densité et de biomasse des espèces marines, il n’existe pas de modèle à proprement parlé. En effet les conditions environnementales, les systèmes administratifs et les modes de gestion sont tellement multiples que la modélisation de tels dispositifs est encore futuriste. La recherche scientifique commence seulement à proposer des recommandations globales (par exemple sur la forme des structures) pour réduire les erreurs et les coûts. Globalement, tout reste à faire et à expérimenter. L’Université de Corse envisage ainsi de porter une partie de ses travaux innovants sur cette problématique qui concerne la conception et le test de récifs artificiels de type micro-habitat. Nos recherches se proposent de s'intéresser en particulier aux habitats essentiels que sont les nurseries, visant principalement au maintien de la biodiversité marine et/ou au soutien des populations d’espèces halieutiques d’intérêt (économique ou patrimonial) au stade juvénile.
Objectifs
L'intérêt est de pouvoir proposer à travers ces nurseries un outil de gestion des ressources halieutiques destiné aux : Collectivités locales, Professionnels de la mer et Gestionnaires de l'environnement. Il vise à augmenter voire maintenir la biodiversité marine locale et les populations halieutiques faisant l'objet d'une exploitation économique ou de loisir. Ces outils seront indispensables à la fois pour maintenir (voire augmenter) la densité des populations locales, mais également pour offrir des habitats complémentaires dans le milieu susceptibles de participer et de favoriser le recrutement naturel et la survie des juvéniles sauvages ou d'élevage. Le projet propose également de développer des micro-habitats « Spécifiques » adaptés aux espèces d’intérêt pour la création de zones de pêches et pour la profession aquacole qui souhaite s’orienter vers la polyculture. L’objectif principal du projet est de soutenir : (i) les activités de pêche par le maintien des ressources marines grâce à des structures "artificielles" ciblant les espèces d’intérêt, (ii) les activités aquacoles en proposant de nouvelles techniques de polyculture ; et (iii) le maintien de la biodiversité marine en proposant un nouvel outil aux gestionnaires de l’environnement. Ainsi, les récifs de type « micro-habitats » (de petites tailles), développés au sein de la plateforme Stella Mare pour les stades juvéniles visent essentiellement :
- LA RESTAURATION D’HABITATS DEGRADES : Cette approche s’appuie sur des notions d’ingénierie écologique, et de retour à un meilleur état écologique par des moyens dits « artificiels », par le rétablissement des conditions d’habitats nécessaires au développement des espèces marines, objectif pertinent lorsque les conditions originelles de bon état des biocénoses marines ont été dégradées, sous l’action de facteurs anthropiques (aménagements côtiers, surpêche…).
- LE MAINTIEN DE LA BIODIVERSITE : Ces habitats adaptés aux jeunes stades de développement permettront d'augmenter le taux de survies des espèces halieutiques face à la prédation naturelle.
- LE MAINTIEN DES ACTIVITES DE PÊCHE : Ce concept vise à développer le potentiel de pêche sur des zones faciles d'accès mais peu productifs en ressources halieutiques, visant la production de biomasse et l’augmentation de la diversité spécifique d’espèces ciblées représentant une valeur commerciale.
- L’AQUACULTURE DURABLE : Développer des techniques de polyculture pour une meilleure gestion de l’environnement des sites de production tout en augmentant les retombées économiques pour les producteurs aquacoles.
- LA RECHERCHE ET DEVELOPPEMENT : Mise en place d’un champ d’expérimentation spécifique, pour analyser l’évolution des biocénoses marines au sein d’un milieu « artificiel ». Un tel aménagement peut être destiné à l'amélioration et l'acquisition de connaissances scientifiques sur le comportement des jeunes stades de développement, ou à l'expérimentation de nouveaux prototypes de récifs.
Actions à mener
Notre programme qui regroupe plusieurs objectifs (reconstitution et/ou protection des biocénoses marines, production halieutique, recherche et développement, ludiques et/ou pédagogiques) s’articulera selon les étapes suivantes:
- Conception et design des structures dédiées
- Construction avec tests de différents matériaux
- Tests en laboratoire des prototypes
- Immersion et suivi scientifique in situ pour les tests concluants
- Estimation du gain écologique sur la zone et du coût/efficacité des structures
- Transfert de technologies vers les collectivités
Il concernera en priorité la conception de récifs artificiels spécifiques aux espèces étudiées au sein des autres programmes cités précédemment (oursin, homard, denti, poissons), mais pourra également concerner d’autres espèces d’intérêt comme : la langouste rouge Palinurus elephas, l’araignée de mer Maja squinado, et le poulpe commun Octopus vulgaris.