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SPINA II

En Méditerranée, les écosystèmes côtiers sont soumis à des pressions croissantes qui fragilisent leur équilibre écologique. En Corse, l’oursin violet Paracentrotus lividus (Lamarck, 1816), espèce clé des habitats rocheux et des herbiers, montre un déclin préoccupant malgré une réglementation stricte encadrant sa pêche. Les suivis menés depuis les années 2010 révèlent une baisse marquée des densités et une raréfaction des individus matures, traduisant un déficit de recrutement. Face aux limites des mesures de gestion traditionnelles, le suivi des populations est devenu un enjeu central pour anticiper les dynamiques à long terme et orienter des actions de restauration ciblées à l’échelle des écosystèmes littoraux corses.

Objectifs

Le projet s’inscrit dans la continuité des initiatives menées en Corse depuis 2018 pour répondre au déclin des populations d’oursins violets, espèce emblématique et écologiquement structurante des écosystèmes côtiers. Il prolonge les travaux réalisés dans le cadre des programmes PARARESTOR (2018–2022) et SPINA I (2021–2023), qui ont permis de tester des actions de gestion active, telles que l’installation de micro-habitats et les premiers relâchés de juvéniles issus d’écloserie.

SPINA II, coordonné par le laboratoire STELLA MARE, est mené en collaboration avec le Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate (PNMCCA), le Comité Régional des Pêches Maritimes et des Élevages Marins de Corse (CRPMEM) et les pêcheurs professionnels locaux.

Ce programme, déployé sur plusieurs années (2024–2027), vise à mieux comprendre la dynamique des populations d’oursins en Corse et à expérimenter des mesures concrètes de restauration. Il repose sur une approche à la fois scientifique et opérationnelle, fondée sur un partenariat étroit entre chercheurs, gestionnaires et acteurs de terrain.

Suivre et modéliser l’évolution des populations naturelles de P.lividus à travers l’étude de leur structure démographique, de leur cycle de reproduction et du recrutement larvaire.
Évaluer et optimiser différentes mesures de restauration écologique, notamment l’influence de la mise en place des zones de jachère et des relâchés de juvéniles en milieu naturel.

Axes de travail

Axe 1 : Variabilité spatio-temporelle et dynamique des populations P.lividus

Des suivis réguliers sont réalisés sur plusieurs sites du Cap Corse dans le but de documenter l’évolution de l’abondance et de la structure en taille des populations de l’oursin violet. Le cycle reproducteur de l’espèce est caractérisé par le suivi des indices gonadiques et l’analyse histologique des gonades, permettant de déterminer les différents stades de maturation sexuelle. Par ailleurs, des prélèvements de zooplancton sont effectués à chaque saison afin d’évaluer la présence et la densité des larves dans le milieu. En parallèle, le suivi des habitats benthiques inclut l’analyse de la couverture végétale et de la densité des populations de poissons. L’ensemble de ces données est intégré dans un modèle de dynamique de population visant à améliorer la compréhension des réponses de P. lividus aux pressions anthropiques et aux variations environnementales.

Axe 2 : Évaluation et optimisation des mesures de restauration écologique

L’influence des zones de jachère instaurées depuis 2022 sur les sites d’Albu, Olzu, Malfalcu et Barcaghju fait l’objet d’une évaluation spécifique, visant à quantifier les effets de cette mesure de gestion spatiale sur la densité des populations d’oursins violets. En parallèle, des relâchés expérimentaux de juvéniles issus de l’écloserie STELLA MARE sont réalisés sur des secteurs historiquement soumis à une forte pression de pêche. Ces actions s’inscrivent dans une stratégie de restauration écologique dont l'efficacité est évaluée à travers le suivi des populations d’oursins et l’analyse de l’évolution des habitats benthiques.

Le projet SPINA II est financé par le fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l'aquaculture (FEAMPA) 2021-2027, de l'office de l'environnement de la Corse et de l'Etat.